La truite fario est le poisson roi de nos rivières.
Comme le bassin versant du Lignon appartient au bassin de la Loire, la fario est de souche atlantique.
En effet, il existe différentes lignes évolutives de la truite fario (adriatique, atlantique, danubienne, marmoratas, méditerranéenne,...). 2 lignes sont présentes en France : atlantique et méditerranéenne.
La ligne atlantique peuple les cours d'eau qui se déversent dans l'océan atlantique, la manche et la mer du nord et de même, la méditerranéenne peuple les cours d'eau qui se jettent dans la mer …. méditerranée.
Au sein d'une ligne évolutive, il peut y avoir plusieurs "sous-familles" qui présentent des différences génétiques notables.
Dans la ligne méditerranéenne; on a la souche principale dite méditerranéenne mais aussi la souche corse.
Dans la ligne atlantique, on distingue la souche ancestrale et la souche moderne :
Aujourd'hui la souche ancestrale n'existe pour ainsi dire plus (peut-être au pays basque).
Chaque lignée présente une "robe" distincte. Mais qui varie en fonction des souches et des cours d'eau. Ce n'est donc pas un critère exclusif pour identifier ses origines.
La méditerranéenne a des points - noir et rouge - très nombreux et de petite taille et souvent des 3 bandes verticales plus sombres.
Chez la truite "atlantique" les points sont moins nombreux et plus gros.
L'étude complète sur la truite fario (état des populations, croissance, génétique) réalisée par le service technique de la FD42 nous a plus que conforter dans notre politique de gestion.
Cette remarquable étude est consultable sur le site de la Fédération de Pêche de la Loire
A ces constats scientifiques, il faut ajouter notre ressenti de terrain.
On voit clairement une dégradation sur certains ruisseaux essentiellement liée aux sécheresses et fortes chaleurs constatées depuis 2003 et plus particulièrement depuis 2015 sur les oups de chauds).
La population en truite fario sur les ruisseaux de moyenne altitude (sources à 1000m) comme l'Essende, le Val Bertrand, Le Courbillon, le Pralong disparait progressivement .
Si les crues affectent la population de truite, elle ne remet pas en cause son existence.
Une étude génétique effectuée par la fédération du Rhône avait comparée les caractéristiques génétiques des truites du département du Rhône avec des truites de la Mare, de l'Andrable et du Pierre-brune.
Les résultats confirmaient l'appartenance des truites du Pierre-Brune à un type génétique Loire (fleuve) au sein du rameau évolutif atlantique.
Ce qui signifie que ces populations ont été faiblement introgressées par des introductions de truites d'autre souche.
L'étude génétique complète portée par la Fédération de Pêche de la Loire apporte de nouveaux éléments (consultable sur le site internet de la Fédération).
Cette étude a permis de définir le taux d'introgression des truites d'élevage autrefois introduites (boite vibert, alevins, ...) dans les souches locales et de dresser une cartographie sur le département.
Des prélèvements ont été effectués sur les truites des cours d'eau de notre secteur : Lignon, Pierre-brune, Vizézy et plusieurs ruisseaux en 2011, 2012 et 2013.
Les résultats sont assez compliqués à interpréter mais on peut dire que :
En conclusion, on ne peut que se satisfaire de la gestion patrimoniale mise en place au début des années 90 qui a permis de revenir à une population "locale" en truite fario.
Elle est la plus adaptée aux conditions hydrologiques locales.
La reproduction naturelle fonctionne bien, malgré les aléas climatiques qui font que certaines années sont plus "compliquées".
Cette étude génétique a été complétée par une étude scalimétrique qui permet de connaître la croissance de la truite en fonction des cours d'eau (et notamment de l'altitude).
Les mesures effectuées montre une grande variabilité de la croissance de la truite en fonction de l'altitude (et donc de la température de l'eau).
La maille (ou TLC = taille légale de capture) est la longueur minimum autorisée pour conserver une truite.
Cette maille a été théoriquement définie pour permettre au poisson de se reproduire au moins une fois dans sa vie.
Pour répondre à cet objectif, elle devrait être adaptée à chaque région, en fonction de l'altitude,...
Ce qui compliquerait la réglementation.
Elle a donc été fixé à 20cm en règle générale et à 23cm (voir 25cm) sur certains cours d'eau.
Cette étude sur la scalimétrie (mesure de la croissance des truites à travers l'analyse des écailles) montrent que sur tout notre secteur, une truite de 20cm est une truite adulte qui s'est reproduit au moins une fois.
Si on prend le Lignon, des sources à sa confluence avec la Loire, on constate une grande différence de croissance.
Ainsi une truite de la Pigne ne mesure que 13cm à son 3ème été alors qu'une truite du Lignon à Trelins fait déjà 24cm.
Ce qui fait presque du simple au double!
Dans le document ci-dessus, il est important de noter que les truites femelles vont se reproduire - quelques soient leur taille - qu'à leur 3ème automne.
Une truite femelle née au printemps 2018 sera reproduira pour la première fois à l'automne 2020 !!!!
Dans nos cours d'eau de montagne, elle commence approximativement à la mi-Octobre pour se poursuivre jusqu'à fin Novembre. Les conditions (niveau d'eau, T°,...) font varier cette période.
Les éléments déclencheurs de cette phase annuelle sont méconnus.
Pour se reproduire, les truites recherchent des zones constituées de galets, plutôt de petites tailles, balayé par un courant assez marqué et constant.
La femelle prépare le "nid" en brassant les galets avec sa nageoire caudale, alors que les mâles se disputent le droit d'être le géniteur - le plus gros ayant généralement gain de cause.
Ce brassage des galets permet de faire évacuer les sédiments par le courant; les frayères apparaissent alors plus propres et s'identifient par une teinte plus claire que le reste du lit de la rivière.
En règle générale, les plus gros sujets (mâles et femelles) sont les premiers à frayer
La femelle pond ses œufs qui sont immédiatement fécondés par la laitance du mâle. C'est pour cela qu'on voit souvent deux poissons collés l'un à l'autre sur la frayère, le mâle étant en retrait par rapport la femelle.
Les œufs viennent se loger dans les interstices entre les galets. La femelle peut brasser de nouveau les galets pour mieux recouvrir les œufs.
Une femelle peut pondre de 1500 à 4000 œufs par kilogramme de son poids.
La durée d'incubation est de 410 jours à une température constante de 1°C. (ou 80 jours pour une eau à 5°C).
Juste après l'éclosion, l'alevin mesure 1.5cm et porte sous son abdomen une poche nutritive - appelée sac vitellin - qui lui permet de grandir, le temps qu'il puisse se nourrir de lui-même par la bouche. Pendant cette période, il reste dans la frayère.
Il ne va "émerger" de la frayère que lorsqu'il sera capable de commencer à manger, à la taille de 2.5cm environ.
Les taux de survie sont assez faibles (<10%)
Dans nos cours d'eau, cette émergence se fait courant avril.
C'est pourquoi il est important en début de saison de pêche de ne pas piétiner ces frayères et donc d'éviter de pêcher en marchant dans l'eau.
La fraie s'étalant sur plus d'un mois, l'émergence des alevins s'étale également. Il n'est pas rare de voir sur les petites ruisseaux des alevins de plusieurs centimètres à côté d'alevins de 2.5cm.
A la fin de l'été, les truitelles mesurent de 6 à 9cm.
La croissance est très variable suivant les cours d'eau et les régions. Elle est beaucoup plus lente dans le Massif Central (avec des rivières granitiques) que dans les Alpes (calcaire).
La maturité sexuelle arrive entre la 3ème et la 4ème année.
Dans les petits ruisseaux de montagne, des truites de 15 à 16 cm sont matures et peuvent se reproduire.
Pour avoir un bon recrutement en juvénile; il est indispensable que les conditions lors de la fraie soient bonnes : un débit correct pour que les truites aient accès aux zones de fraie.
Trop d'eau, elles pourraient se reproduire dans des zones qui pourraient se retrouver à sec lors des basses eaux hivernales.
Pas assez = difficulté pour accéder à certaines frayères.
Les crues automnales ou hivernales peuvent être dévastatrice, comme le 4 Janvier 2018, où l'augmentation brusque du débit et son niveau "extraordinaire" remodèle complètement le lit de la rivière, si bien que les frayères sont balayées et les oeufs dispersés. Résulat : aucun recrutement en juvénile sur le Lignon.
Seul les ruisseaux qui ont des débit beaucoup plus faible permettent de conserver des frayères qui permettront aux oeufs d'arriver jusqu'à l'éclosion.
L'autre période critique est l'émergence.
En avril, alors que les alevins émergent des frayères, un coup d'eau peut avoir des conséquences néfastes.
Tant que la vésicule (réserve de nourriture) ne s'est pas résorbée, ils ont une faible capacité de déplacement
Sur les dernières années on avait eu :
En 2016, on avait eu droit a de très belles populations d'alevins lors des pêches électriques, donc le coup d'eau n'avait pas eu d'impact (mais il était fin Mai)
En 2014, on avait eu des alevins en quantité moyenne (mais le coup d'eau était moins marqué que cette année)
En 2018, tout avait été balayé en janvier, donc...(seuls quelques ruisseaux avaient sauvé l'honneur)
En 2013, où on peut parler de très gros coup d'eau (débit instantané très fort mais moyenne journalière plus faible qu'une crue ) on avait retrouvé des alevins sur les ruisseaux et petites rivières (Lignon à Jeansagnière) mais quasiment aucun sur le Lignon au Pont-Neuf !!!
En 2019 et 2020, pas d'événement majeur, et de super belle repro avec des densités magnifiques.
Cette résilience des petits ruisseaux est le fondement de notre volonté de les préserver et de les restaurer le cas échéant, volonté qui se concrétise à travers les projets engagés sur le payonnet, le sagnat, le verdier et l'essende !!!
Au sujet des crues, sur les 10 dernières années, voici le classement avec le débit instantané (le classement est effectué selon le QJM = débit journalier moyen, ce qui explique que les 22.3 m3/s instantané du 01/05/2013 ne figure pas dans ce classement):
Le graphique ci-dessus représente l'évolution de la densité et de la biomasse de truite fario sur le Lignon (au Pont-Neuf) sur les trente dernières années (la première pêche électrique d'inventaire remonte à 1995).
Le trait rouge représente l'évolution de la densité en truite = le nombre de truite (toute taille confondue)
Les traits verticaux bleus représentent la biomasse = le poids total des truites pêchées
Les 2 indicateurs sont ramenés à l'hectare
Analyse écart entre trait rouge et trait bleu (pour une année donnée) est intéressant :
- Un gros écart entre la densité (haute) et la biomasse (basse ou proche de la moyenne) signifie une belle reproduction (beaucoup d’alevins) et des truites adultes en quantité faible à moyenne
- Une proximité entre densité et biomasse signifie :
o Si les 2 sont hauts : une grosse densité (avec beaucoup d’alevins et de truites adultes)
o Si les 2 sont bas ou dans la moyenne : peu d’alevins avec des truites adulte en quantité faible à moyenne
On peut constater :
→ La biomasse est en très légère baisse. Elle est relativement stable ces 10 dernières années, alors qu'elle fluctuait beaucoup dans les années 2000 (au plus haut en 2003, un comble !) – de 60 kg/ha il y a 20ans, on est aujourd’hui autour de 50
→ Les biomasses les plus basses ont été mesurées en 2010, 2014 et 2018 :
o 2018 : impact de la très grosse crue
o 2010 et 2014 : origine ?
→ l'impact des crues de Janvier 2018, de Février 2021, de décembre 2021 et de Aout 2023, et de Aout 2009 (orage) : il y a beaucoup moins de truites (surtout les alevins de l'année qui sont quasi ou totalement absents) alors que lorsqu'il n'y a pas d'aléas climatiques, on a une belle densité (dont beaucoup d'alevins de l'année) comme en 2003 ou en 2020.
→ La corrélation entre une année avec beaucoup d’alevins et une forte biomasse 2 à 3ans plus tard n’est pas établie
→ Inversement, une année avec peu d’alevins ne se traduit pas un effondrement de la biomasse 2 à 3 ans plus tard (dévalaison des truitelles des ruisseaux en amont)
→ 2018 avec aucun alevin (vraiment 0), en 2020 et 2021 : biomasse en baisse mais pas non plus catastrophique
→ Comparaison des 2 plus hauts pics en densité – 2003 et 2020 :
o 2003 la biomasse était également très élevée : beaucoup d’alevins et beaucoup de truite adulte
o 2020 biomasse plutôt basse : beaucoup d’alevins mais peu de truites adultes
Observations :
Les petites variations peuvent aussi s'expliquer par des conditions de pêche différentes. Lorsqu'il y a un faible débit, la pêche électrique est plus facile.
Le site a toujours une densité et biomasse plutôt faible par rapport à la moyenne des cours d’eau granitique du massif central, c’est lié à la configuration :
- Vallée encaissé où l’eau ne peut pas s’étaler (=force du courant en cas de crue)
- Environnement forestier (dont une moitié de résineux).
Quoi qu’on fasse, il n’y aura jamais de grosse biomasse.
Seule une augmentation de la T° pourrait éventuellement faire évoluer les choses (dans la limite des 16°c)
Contact :
truite.hautlignon@federationpeche42.fr
06.30.98.76.28
AGENDA :
Plan d'eau des Champas :
Pêche fermée
Vidange sur Octobre
Remise en eau en Décembre/Janvier
Vendredi 18 Octobre
Chantier participatif sur la réserve de Colleigne.
Malheureusement annulé à cause des intempéries
Points de Vente CARTE :
Pour la carte fédérale (RIVIERE)
Pour le plan d'eau des Champas
Le plan d'eau a un fonctionnement spécifique avec des cartes de pêche spécifique. Les cartes fédérales "rivières" ne sont pas valables sur le plan d'eau
HYDRO-SALMO-METEOROLOGIE
Le 13 Octobre 2024
Que d'eau, que d'eau. La fraie se présente sous les meilleurs hospices. Les truites ont toutes latitude pour bouger.
Le 17 Mars 2024
C'est ce qu'on pourrait appeler un hiver studieux pour nos cours d'eau de montagne. De l'eau régulièrement, des débits très corrects, des coups d'eau pas trop marqués ...
Des milieux de journée doux qui plus est, ça se rapproche du paradis pour un pêcheur
Le 04 Janvier 2023
Sur les hauteurs des monts du forez, le cumul de pluie en 2 mois atteint, voir dépasse les 600mm par endroit.
Les sources ont quand même mis du temps à donner de nouveau.
Le 14 Décembre 2023
Quelqu'un pourrait fermer le robinet pendant 2 ou 3 semaines, le temps que le sol absorbe tout ce qui est tombé depuis fin Octobre.
Il faudrait en garder un peu pour le printemps et l'été prochain.
Merci !!!
Le 20 Novembre 2023
Le cumul de pluie en 1 mois est assez impressionnant - plus de 300mm.
Les cours d'eau ont retrouvé de très beaux débits. Il n'y a pas eu non plus de gros coup d'eau qui auraient pu perturbé la fraie.
En espérant un hiver encore humide et des pluies (neige) régulières
Le 26 Octobre 2023
La pluie est enfin arrivée. Des petits coups d'eau qui ont fait bouger les truites, la fraie commence
Le 25 Septembre 2023
Une nouvelle saison désespérante.
Depuis le 15 Août, c'est la cata.
Essende, Courbillon et Pralong en assec total, Cotayet en grande souffrance pour la 2ème année de suite.
Les pluies de ces 10 derniers jours ont provisoirement fait du bien, la fraîcheur également.
Le 04 Mai 2023
Les conditions de pêche sont plutôt bonnes, avec des pluies régulières, un temps doux ... La saison de pêche de la truite début vraiment en ce début Mai.
Les retours des pêcheurs sont bons
Le 14 Mars 2023
On l'attendait et on l'a eu ... le jour de l'ouverture.
Bon petit coup d'eau qui a rendu la pêche très compliquée samedi.
Mais on s'en fout ... on a enfin de l'eau.
Plus de 100mm en 3 jours sur Jeansagnière !!!
Et c'est pas fini...
Le 7 Mars 2023
L'hiver aura été très calme d'un point de vue hydrologique, les débits sont restés constants et sont corrects pour une fin d'hiver.
Néanmoins la pluie est attendue avec impatience !
Il gèle encore très fort, l'eau reste glacée !
Le 06 Janvier 2023
Les débits (autour de 2m3/s à Chalmazel) sont plutôt sympathiques pour la période
L'épisode de fort redoux de Noël n'a pas eu de conséquence car il n'y avait pas de neige, contrairement aux années passées.
Mais la récurrence de ces phénomènes hivernaux chaque année démontre bien la nécessité d'oeuvrer sur les affluents pour améliorer les habitats et limiter l'impact de ces fortes crues
Le 08 Septembre 2022
Nous avons enfin eu droit à de belles pluies
Celles de la mi-Aout avaient été hétérogènes mais avaient néanmoins permis à certains ruisseaux de recouler.
Le 03 Août 2022
Misère, misère, c'est toujours sur les pauvres gens que tu t'acharnes obstinément .....
Le 19 Juillet 2022
La cata s'approche tout doucement.
Essende et Courbillon en assec partiel. D'autres comme le Cotayet en difficulté.
Le lignon et ses princiâux affluents la Vialle et le Pierre-Brune restent "corrects", si on peut dir
Le débit du Lignon en temps réel sur le site Vigicrue